Au début du mois de novembre, la Chambre des représentants a été saisie d'un projet de loi “relatif à la régularisation de séjour de certaines catégories d'étrangers séjournant sur le territoire du Royaume” et, malgré la demande d'urgence du gouvernement, en a reporté l'examen à huitaine. Dans l'incertitude sur ce que réserve la discussion parlementaire et – beaucoup plus grande encore – sur le déroulement et l'issue effective de l'opération, il paraît important de prendre date en rappelant les péripéties qui ont conduit à la situation actuelle et en posant les questions que suscitent le texte et le contexte du projet.
Le 19 septembre dernier, près de cinquante Roms ont été expulsés de la gare du Nord, à Schaerbeek, où ils avaient trouvé un refuge de fortune. Il a fallu un bras de fer politique pour que, le 5 octobre, la commune de Schaerbeek leur propose un logement provisoire. Cet épisode largement médiatisé n’est que la face visible d’une crise profonde, celle de l’accueil des demandeurs d’asile… dont les Roms sont particulièrement victimes alors qu’une majorité d’entre eux sont pourtant des ressortissants européens !
La politique dite de « retour volontaire » est relativement méconnue. Pourtant, elle permet chaque année à plusieurs milliers de personnes n’ayant pas, pour la plupart, de réelles perspectives de séjour en Belgique, de rentrer dans leur pays d’origine. En quoi consiste-t-elle, est-elle pertinente, sa mise en œuvre est-elle efficace ? Voilà quelques-unes des questions auxquelles nous tenterons de répondre dans le présent article 1.
« Les alternatives ne manquent pas. Ce qui manque vraiment, c’est de la pensée alternative sur les alternatives. » 1 C’est le point de départ de la science critique engagée développée par le Centre d’études sociales (CES) de l’Université portugaise de Coimbra dirigée par le renommé sociologue Boaventura de Sousa Santos. Des pistes pour « décoloniser, démarchandiser et démocratiser » nos sociétés y sont explorées. Rencontre avec l’un de ses chercheurs, Elísio Estanque.