La télévision, en Belgique francophone, domine l'ensemble des moyens de diffusion de masse. 96,8 % des ménages possèdent un téléviseur, 40 % en possèdent deux ou plus et un adulte consacre en moyenne 3 h 50 par jour – soit la moitié de son temps de loisir – à regarder la télévision. Plus de 90 % de la population de plus de 15 ans regarde la télévision au moins 10 minutes par jour. Le tirage des quotidiens imprimés stagne voire régresse, et deux citoyens sur trois reconnaissent s'informer exclusivement grâce à la télévision.
Bien que désargenté, c'est la lune que nous promet le gouvernement de la Communauté française en matière culturelle. Le nouvel accord PS-cdH semble se refuser à faire des choix et considère dès lors que tout est prioritaire : de l'expression artistique des jeunes au développement de la production cinématographique en passant par les TV locales, les musiciens émergents (!), la lecture publique, etc.
Le plan de fréquences de la Communauté française, c'est un peu comme le monstre du Loch Ness : tout le monde en parle depuis longtemps, mais personne ne le voit venir. Pourtant, on y était presque: un accord historique intervenu le 31 mars devait enfin faire le ménage sur la bande FM. Trop beau pour être vrai ? Sans doute puisque ce 19 mai, un arrêt du Conseil d'État suspendait le plan. Rétroactes d'une saga loin d'être terminée...
Il y a près de 90 ans étaient enregistrés, aux États-Unis, les tout premiers disques de jazz. Cette nouvelle musique, que découvre alors la société occidentale américaine et européenne, tire ses lointaines origines des chants d'esclaves noirs « importés » dans les champs de coton et de cannes à sucre du Sud des USA. De la rencontre entre ces worksongs, dérivés de la musique africaine, l'influence de la société américaine et la musique européenne naîtra peu à peu un nouveau genre musical qui exprime le plus souvent, pour les Noirs, la souffrance, la solitude, la révolte mais dont la société américaine percevra assez rapidement le profit commercial qu'elle peut en tirer (*).
La culture renvoie à ce qu'il y a de plus profond en nous : le sens que nous donnons à la vie, nos conceptions des relations humaines, nos valeurs, et donc aussi nos indignations. L'éducation permanente, les centres culturels, les télévisions locales et la radio-télévision publique (RTBF), l'accès aux biens culturels... sont autant d'« instruments » pour contribuer à une société où toutes et tous peuvent exercer leurs droits démocratiques à la critique, l'expression et au débat. Or, beaucoup d'institutions culturelles vont mal, les perspectives budgétaires de la Communauté française sont mauvaises. En cause : le morcellement des ministres depuis 1999 qui a fragilisé le secteur, diminué les budgets et empêché les arbitrages nécessaires.
Le conflit des « intermittents » du spectacle en France a attiré l'attention sur la question du statut social de l'artiste. En Belgique aussi, cela fait de très longues années que cette question fait l'objet d'études, de revendications, de discussions, de tables rondes. Dans le cadre de la dernière législature, deux réformes assez importantes ont été apportées. D'une part, une modification des règles d'assujettissement à la sécurité sociale. D'autre part, un élargissement des possibilités d'effectuer des activités artistiques de création durant le chômage.
Statut de l'artiste : le droit aux allocations de chômage (II)
Le conflit des « intermittents » en France a attiré l'attention sur la question du « statut social de l'artiste ». En Belgique aussi, cela fait de très longues années que cette question fait l'objet d'études, de revendications, de discussions, de tables rondes. Dans le cadre de la dernière législature, deux réformes assez importantes ont été apportées. D'une part, une modification des règles d'assujettissement à la sécurité sociale comme on l'a vu dans le numéro précédent de Démocratie. D'autre part, un élargissement des possibilités d'effectuer des activités artistiques de création durant le chômage.
Numéro d'été, numéro « léger »... Petite pause estivale dans la réflexion et l'analyse politique, ce numéro de Démocratie est tout entier consacré à la BD, et plus particulièrement à Franquin, auteur d'une œuvre majeure de la bande dessinée. André Franquin est-il ce « contraire » d'Hergé, comme l'affirment certains ? Si, avec Tintin, ce dernier a inventé les règles de la BD, l'auteur de Gaston en aurait plutôt inventé les exceptions. Place, donc, à Franquin, à l'homme et à son œuvre... « subversive ».
Certains entrent dans Tintin comme d'autres entrent en religion. Un corpus existe, qu'on est prié de vénérer dans son intégralité. Comme dans toute religion, des schismes s'organisent, qui séparent des chapelles, sinon des sectes, aux interprétations radicalement différentes. Ainsi d'ailleurs qu'une opposition farouchement athée, pour laquelle c'est tout Tintin qui serait à jeter.
"La culture est un lien social fondamental qui doit être accessible à tous. Le nier c'est parachever au bulldozer les fossés d'exclusion déjà existants. L'art, tout comme l'engagement social, n'est pas une chose innocente. C'est pourquoi il faut que les artistes et les travailleurs sociaux s'unissent et mettent tout en œuvre pour faciliter aux plus démunis l'accès à la culture, sous toutes ses formes. Pour que les lieux de spectacle ne deviennent pas – comme c'est souvent le cas – des boutiques de luxe réservées aux seuls nantis. Pour que la culture ne devienne pas – comme la médecine ou la justice – de classe. Pour que les exclus reviennent parmi les autres. En espérant que bientôt on puisse voir ou imaginer – et cela sans la moindre démangeaison démagogique – bourgeois et plus démunis assis côte à côte dans des fauteuils de théâtre, de cinéma, d'opéra... avec, ensemble, le même plaisir ou la même exigence artistique." Roland Mahauden, Président de l'asbl Article 27.