Si l’on y réfléchit bien, la crise financière et la crise climatique, c’est kif-kif bourricot. Dans un cas comme dans l’autre, on accumule les risques en se fermant les yeux jusqu’à ce que ça pète. Regardez les financiers : ils ont pris des risques, les ont divisés en tout petits morceaux, puis les ont injectés dans les marchés, en pensant qu’ils allaient se diluer dans la masse. Au lieu de cela, ils ont petit à petit — en 30 ans tout de même — déstabilisé tout le système. Mais ils en ont tellement tiré profit qu’ils se sont fermé les yeux, bouché les oreilles, et cloué le bec. Jusqu’à ce que tout le système bascule d’un coup. Sans que personne ne puisse rien y faire. Avec la crise climatique, on est dans le même scénario. Remplacez les « risques » et le « système » par le CO2 et l’atmosphère, et vous aurez le même résultat. On injecte par petits morceaux du CO2 dans l’atmosphère en pensant qu’ils vont se diluer dans la masse. Mais en fait, on déséquilibre petit à petit tout le système — depuis plus d’un siècle, tout de même. Jusqu’au jour où cela nous retombe en pleine figure. Comme avec la finance, il y a tant de gens qui tirent profit de cette situation qu’on fait taire les Cassandres. Même vous et moi, reconnaissons-le, sommes des petits actionnaires du changement climatique : on contribue tous les jours à la prise de risque. Et risquons un jour de tout perdre... Comme avec la finance, ce jour-là, ce seront les plus petits qui trinqueront le plus. Finance et climat, c’est donc kif-kif bourricot. Sauf que le jour du grand basculement, il n’y aura pas de recours possible au Conseil d’État.

Le Gavroche

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Mai 2019

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