Vous l’avez sûrement aussi remarqué : quand une activité, un service ou une production devient géré par les lois du marketing, il vire inévitablement au gâchis, à la calamité, au désastre. Ainsi, en 50 ans, on a transformé l’agriculture en agrobusiness qui tue l’environnement, change le climat, appauvrit encore un peu plus les peuples du Sud et esquinte les papilles gustatives des enfants. On a transformé le sport en méga-spectacle où des acteurs bourrés d’amphétamines n’ont plus comme fonction que de remplir les coffres de leur club/ligue/fédération et les leurs au passage... On a transformé la culture en show-business qui idolâtre des minettes et propulse au hit-parade des tubes aux paroles vaseuses. Même internet semble n’être devenu qu’une vaste page publicitaire. En somme, le marketing a une incroyable capacité à transformer l’or en plomb. Et c’est exactement ce qui s’est passé l’autre jour avec l’agence Belga et son nouveau service : « I have news ». C’est ce qu’on pourrait appeler le summum de la dérégulation journalistique, inventé par... le service marketing de l’agence. C’est un peu comme si demain, les hôpitaux lançaient l’opération : « I have a scalpel », et tout le monde est invité à venir opérer. Donc, avec « I have news », tout le monde peut venir dire : « j’ai mangé des boulettes sauce tomate ce midi », ou encore « la reine est morte », et cela se retrouve instantanément dans les rédactions de tout le pays. Socrate demanderait : cette information est-elle vraie ? Non. Est-elle bonne ? Non. Est-elle utile ? Non. Alors, oublie ! Et le service marketing, pensant sans doute que « Socrate » est le nom d’une nouvelle boîte de communication, de rétorquer : oui, mais ça se vend !

Le Gavroche

Les inégalités jusqu'au bout des dents

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