310473236 1033752920625240 4943219572394723128 nCet automne, les quais de la gare du Nord ont perdu un supplément d’âme. Adieu les longues assises en bois patiné. Une succession de sièges individuels métalliques d’un blanc trop blanc remplace désormais ces banquettes sans frontière. Plus facile pour se relever, certes. Mais il n’est plus possible de se frôler, de se bécoter, de déposer sa jambe fatiguée, de s’allonger ou d’y dormir. Ce type de mobilier, comme les assis-debout qu’on voit aussi fl eurir partout, compose ce qu’on appelle le mobilier dissuasif, que sont aussi les moins subtils grillages ou jets d’eau mis en place pour décourager l’arrêt, l’errance ou pour éloigner l’indésirable. Un phénomène de plus en plus visible et palpable, mais pourtant loin d’être neuf. En témoigne une chronique de George Orwell, écrivain, mais aussi journaliste des gens ordinaires. Dans « À ma guise » écrite dans les années 1940, il se demande, en croisant dans une gare une famille tellement chargée de bagages qu’il lui est impossible de monter dans un autobus : « Pourquoi n’existe-t-il pas de service bon marché pour le transport des bagages entre les gares ? ». Et de répondre : « Notre société est organisée de façon à ce que ceux qui n’ont pas d’argent soient obligés de le payer tous les jours par des humiliations mesquines et des inconforts absolument inutiles – comme de devoir rentrer chez soi à pied, les doigts sciés par la fi celle de leur valise ». Qu’est-ce qu’une société sans bancs (et services) publics suffisants ? Une société de la mise au ban. 

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