Mai 2014 : les fans de politique et de scrutins à enjeux potentiellement très périlleux attendent avec tant d’enthousiasme le 25 du mois qu’on ne pouvait pas ne pas en parler ici. Ainsi donc, la campagne est diablement lancée ! Ah, bon ? Vous aussi, vous trouvez que je vais un peu vite en besogne ? C’est vrai qu’hormis des propositions de réformes fiscales en tous genres, on a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Mais comme il faut bien remplir les gazettes, on a trouvé la parade : des « tests électoraux ». C’est tout simplement génial : il suffit de surfer sur un site web (celui du Soir ou de La Libre, par exemple), de répondre à une dizaine de questions et instantanément, on vous dit pour quel parti vous devrez voter, une fois dans l’isoloir. Si vous avez la mémoire courte, n’oubliez pas de faire une « impression écran ». Vous devez penser que je suis médisant. Pourtant, ces tests sont truffés de questions arbitraires. Et leur philosophie est l’antithèse d’une démarche d’éducation permanente tellement plus porteuse à long terme, puisque le « voir, juger, agir » vise à donner des clés de décodage du réel et à susciter la mise en perspective. Et, assurément, ce n’est pas le cas de ces fameux tests. Or, la démocratie ne se limite pas seulement aux élections. Elle dépend aussi - et surtout- de la capacité critique des citoyens à l’égard des décisions de nos hommes et femmes politiques. Ne l’oublions pas ! Bonnes élections.
Jeudi 27 mars : j’épluche la presse avec une attention décuplée. Pourtant, j’ai beau tourner (et retourner) les pages des principaux quotidiens francophones du pays et ouvrir grand mes oreilles : pas l’ombre d’un propos incendiaire ou d’un édito au vitriol sur les embarras de circulation posés par la venue de Mister Obama. Tant mieux pour le débat sur le fond et sur les enjeux actuels des relations américano-européennes, me direz-vous. Et vous aurez raison. Sauf que... quand ce sont les syndicats ou les mouvements sociaux qui sont dans la rue pour défendre notre modèle social, là, il y a une volée de bois vert. La paralysie automobile (éventuellement) occasionnée devient alors inacceptable. Et les raisons de la mobilisation sont souvent passées sous silence. Cette différence de traitement tout à fait arbitraire souligne en filigrane l’omnipotence des éditorialistes de tout crin qui font l’actualité, plus qu’ils ne l’analysent. Car, voyez-vous, il faut vendre son journal ou soigner son audimat. Ces dernières semaines, on a ainsi vu poindre des éditos vantant la nécessité de la réforme du chômage votée par le gouvernement fédéral. Réforme qui, à les lire ou à les écouter, n’aurait rien d’antisocial. Le ton politique est clairement donné. De tels « traitements » de l’ information redonneront-ils leurs lettres de noblesse au journalisme ? J’ai de sérieux doutes. #
Ironie de l’Histoire: les protestations de la population ukrainienne ont donc (temporairement ?) pris fin alors que les Jeux olympiques de Sotchi connaissaient également leur épilogue. Europe ou Russie ? Russie ou Europe ? Pour certains, il fallait absolument choisir un « camp ». Au final, on se rend compte que le scénario était plus complexe que cette simpliste équation. Ce qui est indubitable par contre, c’est que l’Union européenne n’a pas su parler d’une seule et même voix. Le contraire aurait été étonnant, car à bien y regarder, que saiton du projet politique de l’Union européenne pour son voisin ukrainien ? Poser la question, c’est sans doute y répondre. Assouplir le régime des visas pour les citoyens ukrainiens qui souhaiteraient se rendre dans nos pays ? N’y pensez même pas. Tout au plus, a-t-on entendu parler des quelques concessions économiques que « Bruxelles » pourrait faire à son voisin de l’Est. Les années passent et pourtant, l’Europe continue de conditionner toute avancée politique avec ses voisins à l’instauration d’économies de « libre-marché ». La chanson est connue. Certes, Vladimir Poutine n’offrait guère plus de perspectives. Mais on conviendra quand même que la comparaison est peu flatteuse...
Pour qui en doutait, cela ne fait aujourd’hui plus l’ombre d’un doute : la campagne électorale est bien lancée. Et à très vive allure. Au point que nous, pauvres électeurs, ne savons plus à quel saint nous vouer. Regardez plutôt : d’un côté, on a de dignes représentants du MR qui, tels des enfants qui n’ont pas reçu leur cadeau de Saint-Nicolas, se morfondent allégrement dans la presse parce que, voyez-vous, eux n’ont pas eu droit à leurs 69 minutes de (sans) chichis. Puis, quelques jours plus tard, Charles Michel nous gratifie d’une sortie commune dans la presse avec son grand allié flamand : j’ai nommé le...CD&V (eh oui...). Du côté du PS, là aussi, c’est tout aussi assez kafkaïen, sinon plus. Ainsi, au Forum économique de Davos, Elio Di Rupo n’hésite pas à se faire le chantre de la flexibilité des travailleurs belges et des intérêts notionnels. Pendant ce temps-là, Ecolo, lui, ne s’estime pas marié à une coalition « olivier », mais évoque le recours à un projet politique à long terme. Vous y voyez clair dans tout ça ? Moi, pas trop. Allez, si on est de bon compte, on pourra toujours se rassurer en se disant que la nouvelle politique économique prônée par François Hollande n’a plus rien de socialiste. Et que même là où les élites politiques se disent communistes comme à Pékin, elles placent des centaines de milliards de dollars dans des paradis fiscaux. Pourtant, alors que les mesures anti-sociales s’accumulent et que l’austérité est érigée en dogme, on est en droit d’attendre des partis dits progressites qu’ils clarifient le(ur) jeu et qu’ils défendent des valeurs de « gauche ». Est-ce trop leur demander ? #
Depuis des jours, il n’y en a plus que pour Nelson Mandela (ou Madiba, c’est selon). La presse écrite, la télévision, la radio, tous saluent en grande pompe (et à juste titre) la mémoire d’un homme qui aura marqué l’histoire de son pays, de l’Afrique et de l’humanité. Point de débat à cet égard. Passons le bal des dirigeants hypocrites qui, à l’époque, ont refusé de dénoncer l’apartheid, mais qui n’ont cessé de tarir d’éloges sur ce grand homme. Plus fondamentalement, cette disparition a démontré à merveille le traitement extrêment partiel de l’information par la presse, alors qu’un nouveau code de déontologie journalistique vient de voir le jour il y a quelques semaines. Ainsi, on peut légitimement s’étonner que le bilan désastreux des politiques économiques (soumission totale aux préceptes du FMI et de la Banque Mondiale) menées sous Mandela et ses successeurs soit si rapidement mis aux oubliettes.
Pourtant, leurs effets sont dramatiques pour la population locale, a fortiori pour la population « noire » qui, aujourd’hui encore, est économiquement infériorisée. Et alors que d’aucuns se sont plu à applaudir le courage extraordinaire de Madiba et sa lutte inébranlable contre l’apartheid, nulle mention de celui que vivent aujourd’hui les Palestiniens. Que, récemment, les autorités israéliennes ouvrent des barrages de retenue de l’eau à l’Est de la bande de Gaza, créant au passage de graves inondations dans cette région du monde où les conditions de vie sont déjà dramatiques, n’a, semble-t-il, ému aucun « journaliste ». De là à penser qu’il y a deux poids, deux mesures... #
Pourtant, leurs effets sont dramatiques pour la population locale, a fortiori pour la population « noire » qui, aujourd’hui encore, est économiquement infériorisée. Et alors que d’aucuns se sont plu à applaudir le courage extraordinaire de Madiba et sa lutte inébranlable contre l’apartheid, nulle mention de celui que vivent aujourd’hui les Palestiniens. Que, récemment, les autorités israéliennes ouvrent des barrages de retenue de l’eau à l’Est de la bande de Gaza, créant au passage de graves inondations dans cette région du monde où les conditions de vie sont déjà dramatiques, n’a, semble-t-il, ému aucun « journaliste ». De là à penser qu’il y a deux poids, deux mesures... #
Pour cet ultime numéro de l’année, j’aimerais tant vous souhaiter de joyeuses fêtes pour clôturer cette année 2013 de la meilleure des manières. Et pourquoi pas d’ailleurs ? Parce qu’à tout bien y réfléchir, il y a quand même peu de chances que l’année à venir soit pire que l’année écoulée. Rien qu’au moment d’écrire ces lignes, il y a de quoi préférer hiberner pendant quelques mois et faire l’autruche pour ne plus avoir à subir les affres de l’actualité : proposition du CPAS d’Anvers de contraindre ses bénéficiaires à travailler, expulsion d’Afghans vers leur pays d’origine au péril de leur vie, impasse des négociations sur le climat, début des négociations de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis, probable marche arrière politique sur l’opportunité de scinder les banques, et ainsi de suite. On peut donc difficilement imaginer que 2014 se présente sous de plus mauvais auspices. Pourtant, le 25 mai prochain, il y aura un scrutin annoncé comme celui de tous les dangers, et ce, à tous les niveaux de pouvoir. Son verdict risque effectivement de couronner certains partis qu’on préférerait voir à l’écart du pouvoir. Et de conforter les craintes les plus légitimes des mouvements sociaux et syndicaux : scission des banques (probablement) aux oubliettes, chasse renforcée contre les chômeurs, nouvelles atteintes aux droits fondamentaux des migrants, etc. Mais en menant des politiques d’austérité et de rigueur budgétaire, les partis progressistes ne s’attendaient quand même pas à un autre épilogue, si ? Allez, bonnes fêtes quand même... #
Depuis des années, c’est la même rengaine : il y a « la » gauche et il y a « la » droite. En France, le régime présidentiel et le scrutin majoritaire rendent ce clivage encore plus prégnant que chez nous. Alors, quand la gauche parvient à reconquérir le strapontin de l’Élysée après plus de deux décennies de disette, on s’est presque mis à croire que le changement, ce serait effectivement maintenant. Sauf que la présidence de François Hollande brouille les pistes sur tout. Il y a bien quelques timides mesures fiscales « de gauche ». Mais pour le reste, circulez; il n’y a absolument rien à voir. Pour certains philosophes et analystes politiques, c’est simple : la gauche est désenchantée. Peut-être. Mais elle crée surtout les conditions de son désenchantement. Dernier exemple en date : l’expulsion de Léonarda, cette jeune fille rom, alors qu’elle était en voyage scolaire. Ce triste épisode résume la politique du parti socialiste français : effrayé par une nette victoire du Front National lors des prochaines élections municipales, le gouvernement se montre intransigeant sur un terrain cher aux lepénistes : l’immigration. Plutôt que de combattre les idées du FN, la politique menée par François Hollande laisse donc penser que l’extrême-droite pose les bonnes questions et surtout apporte les bonnes réponses. Marine Le Pen n’en attendait certainement pas tant d’un gouvernement dit « de gauche »...
Ainsi donc, les plus paranoïaques d’entre nous avaient raison : l’oncle Sam surveille et écoute massivement les communications de millions d’individus et de nombreuses institutions et entreprises belges. Belgacom, en tête. Tout cela au nom de la lutte contre le terrorisme, nous dit-on. Le terrorisme, ce mot qui permet de justifier toutes les guerres (Afghanistan, Irak) et de fouler au pied les libertés les plus élémentaires (Guantánamo). Mais, en fin de compte, les révélations concernant le programme de surveillance électronique « Prism » ont-elles mis à mal les négociations qui ont présentement cours pour conclure un accord de libre-échange (qui n’en a d’ailleurs que le nom) entre l’Union européenne et les États-Unis ? Que nenni. Mais rassurez-vous, nos élu(e)s nous concoctent un plan de cybersécurité pour la Belgique. Coût de l’opération ? 20 millions d’euros. À ce prix-là, on aurait pu s’attendre à ce que nos représentants aient quelques minutes de courage politique et se mettent à table pour demander des comptes à Barack Obama. Ô, mais vous n’y pensez pas : il ne faudrait surtout pas se mettre à dos notre puissant allié ! Pourtant, il y avait là matière pour l’Union européenne de parler d’une seule et même voix. Encore une occasion manquée...
Enfant, j’adorais la rentrée scolaire. C’était mon « moment shopping » préféré de l’année. S’en suivait une âpre négociation avec mes parents pour renouveler la panoplie qui serait indispensable à ma réussite scolaire. J’imagine qu’à l’heure actuelle, ces palabres s’éterniseraient encore davantage puisque déjà peu élevée, la prime de rentrée scolaire a été diminuée de 15 % cette année. Et la tendance n’est pas prête de s’inverser. Pour nos pouvoirs publics comme pour nous tous, les temps sont durs. Et voilà que même les plus riches vont également passer sous les fourches caudines de l’austérité. En effet, nos ministres ont (enfin) décidé de s’attaquer aux top-managers des entreprises publiques en limitant leur rétribution annuelle. Pas plus de 290.000 euros (brut) par an. Tout compte fait : ça fait quand même la bagatelle de 24.000 euros par mois. De quoi faire en sorte que le salaire de « nos » top-managers reviennent à des niveaux qui correspondent à ceux pratiqués par les pays voisins. Et puis, rappelons quand même que ces patrons ne dirigent pas n’importe quel type d’entreprises. Elles sont publiques (donc financées par les impôts) et à ce titre, il est légitime que les salaires de leurs patrons soient adaptés en conséquence. Ce qui ne plaît pas à Johnny Thys. Le patron de Bpost a annoncé qu’à ce tarif-là, il ne fallait plus compter sur lui. Je le comprends : cela doit faire bizarre aux plus riches de notre société d’être enfin « victime » de la crise. C’est vrai que jusqu’à maintenant, les pouvoirs publics n’ont pas fait preuve d’un zèle politique excessif pour réguler le secteur financier et ses dérives. Il n’est par exemple plus du tout question de taxer les transactions financières. Au final, loin de les appauvrir, la crise financière a renforcé le patrimoine des plus riches. Mais même si Johnny voit son salaire passer de 1,1 million d’euros à 290.000 euros, je suis sûr qu’on peut vivre dignement avec 24.000 euros par mois.
Vous ne croyez pas ?
Vous ne croyez pas ?
Gareth Bale. Ce nom ne vous dit probablement rien. Et c’est tout à votre honneur. Sachez juste que ce gallois de 24 ans est en passe de devenir le joueur le plus cher de l’histoire du football. Pour 120 millions d’euros; soit près de 5 milliards de francs belges. Les chiffres donnent le tournis.
Dans le contexte d’austérité que nous connaissons, qui peut dépenser une telle somme ? Le Qatar ? Le Koweït ? Pas la peine de chercher la réponse si loin. C’est le Real Madrid qui est aux manettes. Mais si, vous savez, ce fameux club espagnol; pays où, d’ailleurs, tout va pour le mieux. Et où le modèle allemand s’exporte à merveille : le nombre d’emplois créés augmente, mais le pays n’a jamais connu autant de contrats précaires... Grandeur et décadence donc. C’est ce que doivent se dire également les Brésiliens pour qui le « ballon rond » est un demi-Dieu. Mais celui-ci tombe peu à peu de son piédestal, car les dépenses plantureuses (plus de 11 milliards d’euros !) pour la prochaine coupe du monde ne passent pas. De nombreux manifestants ont habilement profité d’une plus grande exposition médiatique pour marquer leur mécontentement et exprimer des revendications sociales légitimes. A Rome déjà, les empereurs essayaient d’endormir la plèbe avec des « jeux ». Avec un certain succès. Depuis lors, la tactique n’a pas changé. Mais les Brésiliens ont montré qu’elle s’effritait. Pourvu que ça dure...
Dans le contexte d’austérité que nous connaissons, qui peut dépenser une telle somme ? Le Qatar ? Le Koweït ? Pas la peine de chercher la réponse si loin. C’est le Real Madrid qui est aux manettes. Mais si, vous savez, ce fameux club espagnol; pays où, d’ailleurs, tout va pour le mieux. Et où le modèle allemand s’exporte à merveille : le nombre d’emplois créés augmente, mais le pays n’a jamais connu autant de contrats précaires... Grandeur et décadence donc. C’est ce que doivent se dire également les Brésiliens pour qui le « ballon rond » est un demi-Dieu. Mais celui-ci tombe peu à peu de son piédestal, car les dépenses plantureuses (plus de 11 milliards d’euros !) pour la prochaine coupe du monde ne passent pas. De nombreux manifestants ont habilement profité d’une plus grande exposition médiatique pour marquer leur mécontentement et exprimer des revendications sociales légitimes. A Rome déjà, les empereurs essayaient d’endormir la plèbe avec des « jeux ». Avec un certain succès. Depuis lors, la tactique n’a pas changé. Mais les Brésiliens ont montré qu’elle s’effritait. Pourvu que ça dure...