Comme moi, vous avez peut-être avalé votre café de travers en apprenant que Stéphane Moreau était en train de négocier une transaction pénale avec la justice. Pour éviter un long et coûteux procès, dit-on. En plus d’être choquante, cette situation vire carrément à l’absurde. Explications : Stéphane Moreau a, euphémisme, très bien gagné sa vie grâce à sa « gestion » de Publifin. Gestion qui lui vaut aujourd’hui d’être inquiété par la justice dans le cadre de plusieurs affaires. La presse évoque conflit d’intérêt, délit d’initié, détournement de biens publics à usage privé... Rien que ça ! En cas de transaction pénale, on n’en saura rien. Mais le comble serait que l’argent ainsi gagné serve en fait... à éviter de se soumettre à la justice. Car, petit rappel évident, l’idée même de transaction pénale n’est accessible qu’aux plus fortuné·e·s d’entre nous… La boucle est bouclée : il se pourrait bien que ce soit « notre » argent, à savoir les deniers publics que Stéphane Moreau a réussi à faire fructifier, qui va servir à ce qu’il échappe à une condamnation. À moins de voir le verre à moitié rempli : c’est ce même argent qui retournera dans les poches de l’État via la transaction pénale. Pour refinancer nos intercommunales ? Pas sûr que les justiciables et les citoyen·ne·s y trouvent leur compte ! #
« Où placer Michel, Reynders, Chastel ? Le casse-tête du casting libéral pour les élections. » C’est ce que titrait le journal Le Soir le...15 février dernier. Soit peu de temps avant l’officialisation des listes électorales du MR. S’ils ont fini par se retrouver respectivement tête de liste sur les listes fédérales en Brabant wallon pour le premier, à Bruxelles pour le deuxième et sur la liste européenne pour le troisième... les voilà bientôt « réunis » en mode « Courage, fuyons ! » dans les trois cénacles européens les plus en vue : le Conseil, la Commission et le Parlement. Soit loin, bien loin des affaires belgo-belges qu’ils ont pourtant gérées ces cinq dernières années avec les résultats que l’on sait. Parmi les nombreuses plumes à leurs chapeaux : avoir amené les nationalistes de la N-VA au gouvernement fédéral, un déficit budgétaire qui s’approchera des 12 milliards en 2024... et un parti libéral au niveau le plus bas depuis l’après-guerre. « Après moi les mouches... », se gaussent leurs adversaires. Qui se réjouissent presque de ne plus les avoir dans les pattes à l’avenir. C’est aller un peu vite en besogne : l’un est encore à la manœuvre dans les négociations fédérales. Un autre est Premier ministre en affaire courante. Et président de parti. Encore un peu de patience, donc, avant de voir (ô chance !) Willy, Jean-Luc, Pierre-Yves, Sophie et leurs ami·e·s prendre le relais ! #
Cinq années. C’est, à quelques semaines près, le temps qu’aura duré le gouvernement Michel. Cinq années, à l’échelle de l’histoire politique de notre pays, c’est court. À l’échelle de l’histoire l’Humanité, c’est très (très) court. À l’échelle de l’histoire de la Terre que l’Homme s’emploie à détruire à vitesse exponentielle, c’est infinitésimal. Mais cinq années, à l’ère du tweet, c’est une éternité. Un laps de temps largement suffisant pour faire de nombreux dégâts. Demandez aux travailleurs dont les revenus ont subi de plein fouet un saut d’index. Demandez aux futurs pensionnés qui ont vu la date de leur fin de carrière s’éloigner. Demandez aux femmes, principales victimes des mesures socio-économiques de Michel Ier. Demandez aux usagers wallons de la SNCB ce qu’ils pensent du désinvestissement dans les services publics. Demandez aux migrants, abandonnés à leur sort gare du Nord et qui ne survivent que grâce à l’aide citoyenne. Demandez aux syndicats et aux mutuelles comment la concertation sociale a été brimée. Demandez aux jeunes ce qu’ils pensent de l’inaction climatique. Demandez aux justiciables si leur rapport à la justice s’est amélioré... Cinq années. Une éternité. Ça tombe bien, un nouveau cycle commence après le 26 mai. Cinq années, c’est aussi la durée avant les prochaines élections. Le temps pour enfin donner sa chance à un véritable projet progressiste ? On peut rêver une seconde ? #
À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles : certains bourgmestres ont décidé de forcer, manu militari, les sans-abri préférant dormir dehors à rejoindre les centres de nuit.
En voilà une belle idée, pétrie d’humanité, de solidarité, d’aide de son prochain. Même des édiles MR ont ordonné à leurs forces de police d’en faire une priorité.
Oui mais. On leur dit que ceux qui ne souhaitent pas dormir au chaud ont leur raison ? On leur dit qu’ils n’ont pas besoin de cerbères pour se rendre compte qu’il fait plus froid que d’habitude ? On leur dit à quel point les priver de leur dernière liberté est le summum de l’infantilisation ? On leur dit que les sans-abris meurent autant l’été que l’hiver ? On leur dit que ce réflexe humanitaire ne remplacera jamais une bonne politique structurelle de réinsertion tout au long de l’année ? On leur dit que leur coup de com’ relève de l’indécent ? On leur dit de lire l’article de ce numéro de Démocratie consacré au concept de Housing first ? #
Un proverbe belge dit que « les excuses sont faites pour s’en servir ». Un proverbe arabe prétend que « l’excuse est toujours valable auprès d’un homme généreux ». Généreux, vous l’êtes, monsieur le ministre de l’Emploi. Auprès des vôtres en tout cas. Ne dit-on pas que vous avez réussi à trouver un poste à plusieurs membres de votre famille dans les structures publiques de votre région ? Dont votre soeur au cabinet de Georges Pire ? Nous pourrons donc compter sur votre générosité ! Chiche ? #>>
Regardez le cas Cyril Hanouna, « l'animateur le plus bête - mais aussi le plus regardé - de France » : il a suffi que quelques téléspectateurs furieux (37.000, tout de même) portent plainte contre un des canulars homophobes dont il a le secret pour qu'une bonne partie des annonceurs de la chaîne qui l'emploie arrêtent de le soutenir. Résultat des courses : une courbe rentrante quasi immédiate et des excuses publiques. Quand je vous parlais du pouvoir de l'argent... Là où, depuis de nombreuses années, des dizaines d'associations ont tenté de faire taire le bonhomme, il suffit d'une brève menace de perte de rentrées publicitaires pour que le rigolo-pas-drôle fasse amende honorable.
Au fait, il y a de la pub sur Viva Cité ? Parce que, si c'est le cas, on soufflerait bien aux annonceurs d'aller écouter « C'est vous qui le dites » l'émission matinale de Benjamin Maréchal. Ça leur donnera peut-être l'idée d'aller faire leur promo loin du populisme qui y est subtilement distillé... #
Il est donc plus que temps de faire œuvre de pédagogie politique : cher ami français, en Belgique, tu dois savoir qu'en ce moment, la droite (wallonne) accuse la gauche radicale (wallonne) d'être complice du FN (français) pendant que cette même droite (wallonne) est critiquée pour s'être alliée avec la droite nationaliste (flamande), qui elle-même ne cesse de se rabibocher avec les chrétiens-démocrates (flamands) avec lesquels ils formaient un cartel avant de devenir les meilleurs ennemis du monde (flamand). Pendant ce temps le cœur saigne chez les socialistes (wallons) car les politiques antisociales du précédent gouvernement (dirigé par l'un des leurs) font tellement de dégâts qu'ils alimentent les votes de la gauche radicale (wallonne) !
C'est tout simple en fait... Au point de se dire qu'il n'est même pas impossible que le Belge lui-même se passionne un jour pour son propre paysage politique. #
Résultat des courses : « on » panique devant les sondages. « On » promet que ça va changer. Mais, en 2018, quand il s’agira d’aller aux urnes, chacun s’attristera sûrement du fait que personne ne s’est déplacé. « Tout le monde fera alors des reproches à chacun. Parce que personne n’aura fait ce que quelqu’un aurait pu faire... » 1
À moins qu’« on » passe véritablement à l’action ? #
1. Extrait de l’histoire « Tout le monde, Quelqu’un, Chacun et Personne »
Jusqu’ici, seul le client de l’avocat, au hasard le pauvre petit migrant généralement insolvable, pouvait être sanctionné. Si ce projet de loi venait à passer, les vilains avocats, prétendument coupables de tous les trucs et astuces pour défendre leur client, ne pourraient notamment plus bénéficier des honoraires pro deo.
C’est donc un scoop que nous révèle ce cher Theo : quand ils bossent, des avocats cherchent la petite bête pour contrer certaines décisions iniques. Parfois même, flirtent-ils avec la limite des procédures autorisées ! Diantre, et si on demandait à Johan Van Overtveldt, ministre des Finances, de poursuivre les avocats fiscalistes qui multiplient les procédures pour éluder, voire frauder l’impôt ? Avec un peu de chance, ça rapporterait même un peu de sous dans les caisses de l’État. Il en manque cruellement... #