2020, année meurtrière. Même Saint-Nicolas s’y est mis en frappant en maison de repos. Dans cette morosité ambiante, une « bonne » nouvelle : la Wallonie bat des records. En tout cas dans un secteur en particulier : celui de la vente d’armes justement. Ah ben oui, faut quand même pas laisser le Covid-19 faire le travail tout seul, hein ! Les êtres humains savent aussi très bien semer la mort eux-mêmes. La Région wallonne a accordé pour plus de 2,6 milliards d’euros de licences d’exportation et de transfert d’armes en 2019. On ne sait pas encore ce qu’il en sera pour 2020, mais avec une augmentation de 180 %, la Wallonie ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Surtout qu’elle ne semble pas trop regardante sur les politiques de répression menées par ses tristement illustres clients : Yémen, Arabie saoudite… Et quand on sait que ces dix dernières années, les principaux acheteurs sont des personnes privées, y de quoi vraiment « se réjouir ». La croissance semble sans limites. N’y voyez bien sûr pas de lien avec la hausse des féminicides un peu partout. Les hommes n’ont pas besoin d’armes à feu pour battre leurs femmes à mort. 2020, l’année de tous les records, méritera vraiment bien son label funeste... Alors, formulons quand même un vœu pour 2021 afin que cette nouvelle année échappe à cette tendance de fond qui consiste à bafouer systématiquement les droits humains au profit des intérêts des plus forts : faisons du respect et de la défense de ces droits humains notre lanterne en ces temps troublés. Le Covid-19 nous aura au moins rappelé que la vie est notre bien commun le plus précieux. 

Gavroche 12 20À celles et ceux qui doutaient encore de l’impact du confinement sur la santé mentale des jeunes, le groupe Facebook de thérapie contre le manque de guindailles des étudiants de l’UCLouvain et ses 11.000 membres masculins, le dénommé Louvain-le-Mec, vient de le confirmer. Le confinement a bel et bien commencé à atteindre les neurones de certains de ces jeunes hommes. En effet, à force de ne plus voir leurs camarades de classe de l’autre genre en chair et en os, ils ont fini par fantasmer. Et si ces jeunes femmes qui s’organisent sur leur propre groupe Louvain-la-Meuf pour se communiquer leurs bons plans pour rentrer chez elles après une soirée sans risquer de se faire violer, au lieu « de pleurer sur les bons plans shopping perdus à cause de la fermeture des commerces », n’étaient pas en fait occupées à préparer une révolution féministe contre tous ces jeunes apprentis machos ? À voir comment certains membres de Louvain-le-Mec les dépeignent à l’envi comme des lave-vaisselles et traitent les garçons qui penseraient l’inverse de « faux » hommes (une insulte peut-être ?), elles n’auraient franchement par tort. Trump et son fameux « grab them by the pussy » y retrouve de dignes disciples. S’il faut compter sur cette future élite intellectuelle masculine pour faire progresser le Gender Equality Index de la Belgique, on n’est pas rendu comme on dirait dans la Belle Province. C’est à se demander si depuis la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges du chemin a été parcouru dans la tête de certains hommes. 

Billet dhumeur 11Je lance une capsule temporelle. Le monde a basculé. Jo Biden en tête dans les sondages a bel et bien remporté les élections. Les prédictions d’Allan Lichtman, cet historien qui prédit les scrutins depuis 40 ans, ont été avérées.

Fini Donald Trump. Finis les 50 mensonges par jour, l’arrogance, les clivages, les sarcasmes, les provocations, les discriminations, les tweets idiots... Les multiples stratégies républicaines pour limiter l’étendue des votes démocrates, dont ceux des Noirs, n’ont pas marché. La fermeture de bureaux de vote dans les districts où ils sont majoritaires (près de 1700 !), les files d’attente interminables (en période Covid), le manque de transport en commun pour atteindre les bureaux de vote restants, l’absence au travail (et donc l’absence de revenus), la déstructuration de la poste…

Rien de tout cela n’a empêché les Américains et Américaines épris de justice sociale et raciale d’aller voter. Les instrumentalisations pour décourager au vote démocrate n’ont pas porté leurs fruits. Même, la récente nomination de la juge ultraconservatrice Barrett n’a pas pu influer sur les dépouillements.
Malgré toutes les entraves assumées à l’expression démocratique, la fin du cauchemar a eu lieu et toi, cher lecteur et chère lectrice, tu as déjà, vécu ce basculement tant attendu.

Si seulement…

 

Il paraît qu’il y a un vent de renouveau qui souffle sur le gouvernement fédéral avec la composition de la toute nouvelle coalition Vivaldi : seulement six ministres ont déjà exercé des compétences ministérielles, trois membres de l’équipe fédérale proviennent de l’ancienne majorité et la moitié n’a pas siégé au Parlement auparavant. Néophyte, mais pas seulement. Avec une moyenne d’âge de 42 ans, on peut carrément dire que c’est un vent de fraîcheur qui souffle sur ce gouvernement. Oui peut-être… Mais il y a aussi comme un air de déjà vu. Une partition déjà jouée... avec « les fils de » et maintenant « frère de » qui se retrouvent dans la mêlée. Une manière bien belge de faire la politique en famille. On se rappelle les Spaak, les Eyskens, les Moureaux, les Tobback, les Whatelet, les Van Acker, les Simonet, les Ducarme, les Daerden, les Lutgen, et puis les De Croo et... les Michel avec Louis, Charles, Mathieu et Sophie. Ah, non pardon, pas Sophie. Ça, c’est au niveau ministériel. Mais si on regarde de plus près le casting fédéral, ce n’est pas tout. Il y a d’autres filiations politiques à d’autres échelons de pouvoir. Y’a pas à dire, au Royaume de Belgique, le patronyme, ça aide quand même vachement. 

Un été sur la plage comme les autres ? On pourrait presque y croire malgré le covid. On retrouve ces belles histoires de vacances. Comme celle de cette petite fille en Grèce qui accrochée à son frêle esquif de bouée licorne se voit secourue après avoir dérivé loin de ses parents. Pas d’hésitation pour les gardes-côtes grecs qui ont fait détourner un cargo pour lui venir en aide. Une fin heureuse pour cette famille. Ah ! Et si on pouvait compter sur le même enthousiasme quand on annonce qu’une embarcation de migrants est en perdition sur la Méditerranée... Quel soulagement de voir ce navire rose et blanc affrété par Banksy venir en aide aux migrants. Une petite fille y est justement représentée avec un gilet de sauvetage en forme de cœur. Douce ironie du sort. Car combien de temps aura-t-il fallu pour que les gardes-côtes italiens acceptent d’aller chercher les plus fragiles d’entre eux, dont cinq enfants ? Et combien de temps faudra-t-il encore pour que les 150 autres puissent être débarqués dans un endroit sûr ? Chacun cherche sa route, nous cherchons la nôtre et nous pensons que le jour où le règne de la liberté et de l’égalité sera arrivé, le genre humain sera heureux. Ce sont les mots de Louise Michel à l’effigie de qui le bateau de sauvetage a été baptisé. Une phrase qui sonne comme un message d’espoir et un cap vers lequel se diriger.

Que vais-je faire pour les vacances ? Celles et ceux parmi nous qui ont la chance matérielle de pouvoir se poser cette question presque existentielle sont toujours face à une incertitude. Le rebond du Covid nous menace-t-il ? Vais-je me retrouver coincé·e dans un confinement à l’étranger ? Ne risqué-je pas une quarantaine à mon retour ? Mais grâce à Mme Kathleen Verhelst, cheffe d’entreprise et parlementaire Open Vld, peu importe ! Nous irons tous à la plage pendant nos congés. Oui, car il paraît que la plage de sable et de graviers située au bord de la mer ou d’un cours d’eau, la grève quoi, c’est tout bon pour nous occuper les samedis, dimanches et autres jours de congés. Après avoir rempli leurs week-ends de manifestations pour le climat, pour les droits des femmes, contre le racisme, les militant·es n’ont plus beaucoup de samedis et dimanches de libres, non ? Alors pourquoi pas les vacances ? Finalement, c’est pas si bête comme idée. Plus personne ne serait gêné par ces méchant·es travailleur·euses chauffé·es à blanc par des syndicalistes obsédés par l’immobilisme (le mot est de Mme Verhelst). Et en prime, on pourrait leur sucrer leurs congés payés, puisqu’il·elles toucheraient à la place leurs indemnités de grève. Elle n’est pas magnifique l’idée de cette chère Mme Verhelst !? Allez, bonnes grèves… euh bonnes vacances à toutes et tous!

Que vais-je faire pour les vacances ? Celles et ceux parmi nous qui ont la chance matérielle de pouvoir se poser cette question presque existentielle sont toujours face à une incertitude. Le rebond du Covid nous menace-t-il ? Vais-je me retrouver coincé·e dans un confinement à l’étranger ? Ne risqué-je pas une quarantaine à mon retour ? Mais grâce à Mme Kathleen Verhelst, cheffe d’entreprise et parlementaire Open Vld, peu importe ! Nous irons tous à la plage pendant nos congés. Oui, car il paraît que la plage de sable et de graviers située au bord de la mer ou d’un cours d’eau, la grève quoi, c’est tout bon pour nous occuper les samedis, dimanches et autres jours de congés. Après avoir rempli leurs week-ends de manifestations pour le climat, pour les droits des femmes, contre le racisme, les militant·es n’ont plus beaucoup de samedis et dimanches de libres, non ? Alors pourquoi pas les vacances ? Finalement, c’est pas si bête comme idée. Plus personne ne serait gêné par ces méchant·es travailleur·euses chauffé·es à blanc par des syndicalistes obsédés par l’immobilisme (le mot est de Mme Verhelst). Et en prime, on pourrait leur sucrer leurs congés payés, puisqu’il·elles toucheraient à la place leurs indemnités de grève. Elle n’est pas magnifique l’idée de cette chère Mme Verhelst !? Allez, bonnes grèves… euh bonnes vacances à toutes et tous!

Voilà dix jours que nous vivons confinés, isolés les uns des autres pour éviter la propagation du virus covid-19. Pour protéger les plus vulnérables de notre société. Isolement ne rime pas nécessairement avec solitude. À voir les nombreux messages humoristiques et de solidarité qui circulent sur les réseaux sociaux, on ne peut qu’en conclure que l’être humain a une capacité de rebondir et de se protéger de l’angoisse et de l’isolement. Enfin... quand on y regarde de près... la situation n’est pas la même pour tous (toutes !). Il y a ceux (celles !) qui en ce moment ne sont pas eux (elles !) confinés, mais qui doivent par contre se trouver dans un grand état de solitude. Les éboueur·euses. Les caissier·ères de magasin qui continuent leur travail (presque) comme si de rien n’était (juste une paire de gants pour dire que...), mais la boule au ventre. Les aides à domicile : aides familiales, gardes à domicile, aide-ménagères sociales pour des bénéficiaires fragilisé·es, infirmier∙ères à domicile, travailleur∙euses social·es, infirmier·ères en psychiatrie, etc. Pourtant indispensables à la vie quotidienne et parfois à la survie de celles et ceux qui en ont besoin, ils et elles n’ont pour la plupart reçu aucune directive claire et aucun moyen pour se protéger et protéger les bénéficiaires de leurs services. Ces travailleur·euses font partie de ces oublié·es de la pandémie. Mais nous, nous ne les oublions pas. Merci d’être là. Vous êtes essentiel·les à la société ! 

Comme chaque année, entre les dernières feuilles et la première neige, sortent les chiffres de la pauvreté, dans tous les pays d’Europe. Dans notre riche royaume, nous avons battu un nouveau record ! Le seuil de pauvreté (SDP) qui correspond à 60 % du revenu médian, est désormais de 1.187,21 € par mois pour un isolé. Quasi le même montant que le Revenu d’intégration… au taux famille. Comment se fait-il ? Pourtant le gouvernement Michel a créé ses « jobs, jobs, jobs ». C’est vrai. Par rapport à 2014, il y a 112.000 personnes de moins dont « l’intensité de travail » est inférieure à 20 %. Mais cela ne leur fait pas des temps plein, et encore moins des salaires corrects. Donc ces fameux bénéficiaires des « jobs, jobs, jobs » vivent encore en-dessous du SDP. Pire s’ils ont des enfants.  Et pire encore s’il s’agit de femmes seules avec enfants. C’est pas des « jobs, jobs, jobs » qu’il faut mais de bons salaires. Et des allocations au moins égales au SDP pour les sans-emploi. Mais patience. En 2006, le Revenu d’intégration pour un isolé ne valait que 74,9 % du SDP. Maintenant, le RIS vaut 76,7 % du SDP. À ce rythme, on devrait y être dans plus d’une centaine d’années. Un siècle, finalement, c’est vite passé non ?

D’accord, les Déclarations de politique ne relèvent pas de la franche rigolade.

Pourtant, à les lire, de législature à législature, on peut trouver matière à sourire, tant le genre est truffé de « marronniers », ces sujets qui reviennent à l’identique à chaque échéance. Par exemple, les cimetières à la Toussaint ; ou encore les premières neiges de l’hiver.

Des exemples dans les Déclarations de politique ?

Depuis les années 80, les gouvernants annoncent systématiquement leur intention de faire de l’alternance une « filière d’excellence ». Pourquoi faut-il encore la réaffirmer à l’identique plus de 30 ans après ? 

Ou encore : à tous les coups, la Wallonie annonce une réforme du FOREM en sorte de rendre efficace l’accompagnement des demandeurs d’emploi : l’Office doit pouvoir être en mesure de concourir au championnat mondial du service public le plus souvent réformé.

Plus cocasse. En fin de législature, le gouvernement sortant se flatte du redressement de la situation financière. Puis vient le nouveau : «  Ah mais, on découvre une situation plus compliquée qu’on croyait ! Allez, c’est dit, on s’engage à retrouver l’équilibre à l’horizon de … la dernière année de la législature ». Ainsi, le fameux équilibre est-il un graal sans cesse reporté de 5 ans en 5 ans !

Le Gavroche

« Enseignants, oui. En saignant, non »

« Enseignants, oui. En saignant, non », scandent les profs en colère face aux nouvelles… Lire la suite
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