Certes, les dates ne sont jamais que des conventions. Certes, les chiffres ronds ne font pas mieux tourner le monde. Certes, Jésus n'est pas né le 1er janvier de l'an zéro. Certes, le prochain millénaire ne commencera qu'en 2001. Certes, certes, il y a au moins deux mille bonnes raisons de ne pas fêter l'an 'neuf. Mais l'inévitable salut symbolique ne peut-il fournir l'occasion de dresser un bilan, tout aussi symbolique, de la page que l'on tourne? À Démocratie, nous avons décidé de le faire sobrement, en demandant à chaque membre de l'équipe de rédaction de rédiger un court texte décrivant l'image qu'il retiendra de ce. xxe siècle à l'agonie. Une seule image pour un siècle? L'exercice est bien sûr frustrant. Place, donc, à la subjectivité...
Nous avons vu, dans le précédent numéro de Démocratie, à quel point le travail des enfants en Belgique au siècle dernier reflétait une incommensurable misère. Rampants dans les mines, s’éreintant les mains dans les filatures, se brisant la santé dans des ateliers malsains aux fumées toxiques 12 à 14 heures par jour... Alors que certains hommes politiques, médecins, voire chefs d’entreprise s’en émeuvent, d’autres tentent pitoyablement de justifier cette véritable tragédie par d’irréels motifs économiques, sociaux voire moraux.
Aujourd’hui encore, quelque 250 millions d’enfants âgés de 5 à 14 ans exercent un emploi, non seulement dans les pays d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique, mais également en Europe. Cette mise au travail d’enfants prend des formes variées: de quelques heures de prestations après l’école, à l’exploitation la plus inhumaine, l’esclavage (1).