L’arrivée de l’euro aura-t-elle des conséquences sur nos systèmes de protection sociale? Si oui, seront-elles positives ou négatives? Des économistes tentent d’apporter une réponse à ces questions, mais force est de reconnaître qu’ils aboutissent à des résultats parfois diamétralement opposés. S’il est difficile de se faire une religion, certaines analyses peuvent donner d’intéressantes pistes de réflexion (1).
Printemps 1997. Un coup de tonnerre gronde dans le ciel européen. Contre toute attente et au désespoir du président Chirac, la gauche remporte les élections législatives en France. Un an et demi plus tard, c’est l’autre rive du Rhin qui assiste à un changement de majorité. Le parti social-démocrate allemand (SPD) met fin au long règne de Helmut Kohl. La France et l’Allemagne, souvent qualifiées de "moteur de l’Europe" et désormais accompagnées de l’Italien Romano Prodi aux commandes de la future nouvelle Commission, donneront-elles à l’Union européenne une dimension sociale tant attendue? Premier bilan et perspectives.
Rappel des faits. En ce mois de septembre 1998, après le Royaume-Uni et la France, c’est l’Allemagne qui vire à gauche. L’arrivée au pouvoir du nouveau chancelier Gerhard Schröder et de son bouillant ministre des Finances, Oskar Lafontaine, également président du parti social-démocrate (SPD), met l’Union européenne dans une configuration politique inédite.
La directive sur les comités d’entreprise européens est le fruit d’un processus entamé au début des années 70 et qui s’est avéré extrêmement long et complexe (1). Elle s’insère dans un “projet” européen dont il faut bien admettre qu’il vise à rencontrer des objectifs complémentaires mais difficilement conciliables: “harmoniser” les systèmes européens de relations industrielles et, parallèlement, le droit européen des sociétés, tout en préservant – et cet objectif s’est imposé avec de plus en plus de force à partir du milieu des années 80 – l’intégrité des systèmes juridiques nationaux. Au-delà se profile l’enjeu fondamental de l’européanisation des modèles européens de relations sociales.
L'une des grandes surprises de l'union monétaire est qu'elle sera mise en oeuvre par une majorité de gouvernements de gauche ou sociaux-démocrates, qui n'étaient pas présents à la table de négociations de Maastricht - en 1991 - lorsque furent décidées les modalités de cette intégration. L'arrivée au pouvoir du travailliste Tony Blair au Royaume-Uni, du socialiste Lionel Jospin en France, de l'ex-communiste Massimo d'Alema en Italie et du social-démocrate Gerhard Schröder en Allemagne modifie en profondeur le paysage politique de l'Union au moment où celle-ci réalise l'une de ses plus anciennes ambitions : l'intégration monétaire.
Le projet d'union monétaire, tant célébré depuis des années par les partisans de l'intégration européenne, est donc devenu réalité. Nos pièces et billets – toujours libellés en francs belges – ne sont plus, désormais, que des subdivisions de l'euro. Dans l'attente de janvier 2002, cela ne change à vrai dire pas grand chose pour le commun des mortels...
Le Sommet européen des 22 et 23 novembre ambitionnait de parvenir à un accord sur le Cadre financier pluriannuel. Il s'est soldé par un échec prévisible. Les États, défendant leurs intérêts nationaux, ont opposé une fin de non-recevoir aux diverses propositions de la Présidence chypriote et du président du Conseil européen. On assiste à un comportement schizophrénique de l'Union européenne qui, d'un côté, parle avec emphase de l'Europe sociale et de la croissance, et de l'autre, entend réduire les fonds de cohésion et les fonds sociaux. Pourtant, il faut joindre le geste à la parole et construire une véritable croissance sociale et durable à travers un budget européen ambitieux 1.