Ça me désespère : notre belle élite néolibérale a toujours raison, même quand elle se fourre le doigt dans l’œil jusqu’au nombril, ce qui est son activité favorite depuis plusieurs années déjà. Ainsi, à ma gauche, un ptit Belge courageux — oui, ça existe —, nommé rapporteur des Nations unies pour le droit à l’alimentation, qui crie dans la presse internationale que les émeutes de la faim partout dans le monde sont le fruit pourri de vingt ans d’erreurs de ladite élite. À ma droite, cette même élite, incarnée pour la circonstance dans une banque belge, la KBC, qui propose un produit financier basé sur l’augmentation du cours des matières premières alimentaires. Et hop ! Voilà notre élite qui triomphe à nouveau ! Voilà que vingt années d’erreur, auxquelles la finance a largement participé, sont mises à profit pour s’enrichir un peu plus encore ! C’est là que je désespère. Et, pour tout dire, que j’enrage aussi contre les médias qui, sans broncher, laissent la porte-parole de ladite KBC radoter avec une mauvaise foi crasse que 1° le cours des matières premières n’est pas influencé par ce produit, et que 2° ce produit permet aux Belges de se couvrir contre l’augmentation des prix alimentaires. Un comble ! Ainsi, pour faire face à l’augmentation du coût de la vie, laissez tomber l’indexation des salaires (refrain bancaire connu) et optez pour des produits financiers qui épousent la courbe de nos erreurs d’investissement : gains garantis ! ‘Fallait oser. La KBC, par ailleurs toujours empêtrée dans ses affaires de fraude fiscale, de faux et usage de faux, l’a fait. Tout simplement hallucinant.