En matière de délinquance, l'éternel balancier entre le tout au protectionnel et le tout au, répressif resurgi t souvent Il existe pourtant une mesure médiane. les peines alternatives. Appliquées par les services de prestation éducative ou philanthropique, les SPEP, ces peines sont de plus en plus requises par les juges de la jeunesse.* Démocratie a interrogé Michel Heinis, responsable d'un SPEP bruxellois: le Radian.


Le Radian, niché à Schaerbeek, est ce, qu'on appelle un SPEP, un service de prestation éducative ou philanthropique intégré au secteur de l'aide à la jeunesse, il en existe 13 de la sorte en Communauté française. Créé en 1985, à une époque où on commençait seulement à parler - de peines alternatives, le Radian accueille en moyenne 150 jeunes par an.Ils ont en général entre 14 et 18 ans,des garçons pour la plupart. Ils sont souvent issus de milieux défavorisés ou à petits revenus, 75% sont immigrés. Leurs délits? Vol avec ou sans agression, attentat à la pudeur, parfois viol. Ils sont envoyés dans un SPEP sur mesure judiciaire du juge de la jeunesse.

UNE RÉPARATION SYMBOLIQUE
La prestation éducative est une mesure alternative au placement, explique Michel Heinis, directeur du Radian C'est une chance qui est laissée au jeune ayant commis un délit de ne pas se voir séparé de sa famille, ni marqué par un passage en institution. C'est une sorte de réparation indirecte puisqu'elle ne s'adresse pas directement à la victime. La dimension de sanction est présente à travers l'obligation à laquelle le juge l'a soumis. ” La prestation consiste en un travail non rémunéré au service de la collectivité (services. publics ou asbl). Le Radian travaille ainsi avec une centaine d'organismes qui acceptent de prendre le jeune en charge au sein de leur équipe. Ces organismes ne sont pas informés des délits commis mais le SPEP veille toujours à ne pas mettre en danger l'association. “Par exemple, on ne mettra pas en contact des jeunes dont l'infraction concerne une drogue avec des enfants” explique Michel Heinis. Quant au nombre d'heures à prester, il est déterminé par le juge. Il peut varier entre 20 et 150 heures selon le délit mais en général, il se situe entre 40 et 50 heures. "l'application des heures se fait en concertation avec l'organisme d'accueil et le. jeune, poursuit Michel Heinis. Quant au choix du service, c'est nous qui l'effectuons en veillant à ce qu'il suscite de l'intérêt chez le jeune et corresponde à ses compétences mais cela doit rester une sanction... ” Avant la prestation, le jeune délinquant est invité avec ses parents à un entretien avec un assistant social ou un éducateur du Radian. Il est ensuite présenté à l'organisme d'accueil. En cours de prestation, plusieurs évaluations sont effectuées et le jeune est invité si nécessaire à d'autres entretiens. Une fois le travail terminé, un rapport est remis au juge. de la jeunesse. “Dans 80% des cas, le jeune va jusqu'au bout de sa prestation, parfois en y mettant le temps mais il le fait, explique Michel Heinis. Pour les 20% restants, on essaie de voir ce qui a cloché, on peut le réorienter vers un autre organisme. En dernier recours, c'est le tribunal de la jeunesse qui tranche et peut éventuellement décider du placement.

À côté de ces prestations,, le Radian a développé un projet expérimental de médiation entre, le jeune, et sa victime. "Il ne s'agit pas pour le jeune de réparer le délit mais d'être confronté avec les conséquences que son acte, de pouvoir s'expliquer. C'est un moment très important aussi, pour la victime, elle a l'occasion d'être entendue, de témoigner du dommage subi. L'expérience donne jusqu'à présent de bons résultats.

On l'aura compris, la prestation n'est pas une peine au sens strict mais plutôt une occasion donnée au jeune de réparer son délit, du moins symboliquement. Une façon aussi active et positive de renouer avec les règles de la vie sociale...

Catherine Morenville

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