En mars dernier, le gouvernement de la Communauté française adoptait 16 nouveaux arrêtés(1). Son objectif: redessiner le secteur de l’Aide à la jeunesse en s’appuyant sur les principes qui lui avaient servi de fondement pour élaborer son décret du 4 mars 1991. Une réforme qui ne manque pas de plonger le secteur dans l’incertitude et l’inquiétude.


Les arrêtés entrés en application en date du 1 er juin 1999 contraignent les pouvoirs organisateurs responsables des divers services relevant du secteur de l’Aide à la jeunesse à redéfinir et à repréciser leur projet pédagogique. C’est sur la base de ce projet pédagogique, qui devra être adressé à l’administration concernée pour le31 septembre 1999, que la Commission d’agrément, s’appuyant sur l’avis des conseils d’arrondissement de l’Aide à la jeunesse, accordera ou non l’agrément. Cette situation entraîne inévitablement un climat d’incertitude au niveau tant des pouvoirs organisateurs que des directions et bien entendu du personnel de ces différents services. Le fait que cette réforme doive se réaliser dans le cadre d’une enveloppe budgétaire fermée et qu’elle doive intégrer des acquis syndicaux bien légitimes (reconnaissance des heures de nuit) ne peut susciter que des interrogations et des inquiétudes quant aux implications qu’elle engendrera inévitablement sur le terrain : difficultés accrues de possibilités d’hébergement pour les autorités mandantes, accroissement des inégalités quant à la richesse d’équipement des différents arrondissements judiciaires, etc. De plus, malgré les efforts louables faits par les différents acteurs du secteur (responsables politiques, administration générale, conseillers, directeurs...), il faut malheureusement bien constater que tant la population en général que les services dits de première ligne (CPAS, Centres PMS,ONE, écoles...) restent fort empreints d’une approche telle que celle qui sous-tendait la loi de 1965, c’est-à-dire une approche où la notion de protection prime sur la notion d’aide et où le secteur de l’aide spécialisée et plus particulièrement les SAJ (services d’aide à la jeunesse) restent encore présentés sous l’angle de la menace, de la peur du gendarme, de la contrainte...

VISION GLOBALE
La récente déclaration gouvernementale réaffirme la volonté du nouveau pouvoir politique de poursuivre la réforme entamée en s’appuyant sur les principes du décret de 1991 et souligne la nécessité de rendre les bénéficiaires de l’aide acteurs de leur devenir ainsi que le caractère prioritaire de l’intervention. Assurer un développement le plus harmonieux possible de tout jeune et s’assurer qu’il bénéficie effectivement de tous les droits repris dans la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée en 1989et ratifiée par la Belgique constituent l’objectif essentiel auquel l’ensemble du système doit concourir. La réalisation de cet objectif n’incombe pas évidemment au seul secteur de l’aide spécialisée mais bien à l’ensemble de la société. C’est donc au travers d’une responsabilisation globale de celle-ci et d’une activation maximale des transversalités possibles entre les secteurs de l’enseignement, de la santé, de l’éducation permanente, de la culture, des sports, de la formation... que la Communauté française parviendra à concrétiser ses traditions humanistes et généreuses en gardant à l’aide et à la protection de la jeunesse son caractère préventif et éducatif. Le secteur de l’aide à la jeunesse a trop longtemps vécu en circuit fermé avec une spécialisation excessive des services en fonction de critères dit sobjectifs et ce au détriment d’une vision globale de la problématique. Le secteur doit se désenclaver mais n’y parviendra que si d’autres ouvrent leurs portes et participent à ce combat indispensable contre l’exclusion et la marginalisation.

Gérard Hansen

(1) Ces arrêtés s’inspirent d’importants travaux qui ont été menés depuis quelques années, entre autres:
- la radioscopie du secteur de l’aide à la jeunesse, et son actualisation en 1998, à l’initiative du Conseil communautaire de l’aide à la jeunesse(CCAJ)
- les assises de l’Aide à la jeunesse (1994)
- le rapport général sur la pauvreté.

Le Gavroche

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