S’engager aujourd’hui ? Dans un mouvement, dans un parti ? Pour la vie ou à durée déterminée ? À quelles conditions ? Quel est le profil du militant Moc ? Démocratie résume les principaux enseignements de deux sondages réalisés pour le Congrès du Moc en octobre par la Sonecom.

 

La première enquête concerne un groupe témoin (350 personnes) représentatif des jeunes de 18 à 35 ans à Bruxelles et en Wallonie, tandis que la seconde a été effectuée auprès d’un échantillon de 252 militants du Moc représentatif de toutes les composantes du mouvement ouvrier chrétien. Si le profil dressé du "mociste" du troisième millénaire s’avère riche d’enseignements et semé de quelques surprises, la comparaison entre les deux échantillons n’est pas non plus inintéressante…

Profil du mociste
Parmi l’échantillon, Sonecom a relevé deux tiers de bénévoles et un tiers de "professionnels" avec une moyenne d’ancienneté dans le mouvement d’environ 15 ans et une moyenne d’âge de 49 ans, deux pics autour de 45 ans et de 65 ans. Inutile de dire donc que les effectifs se font tout doucement vieux et que la relève est grandement attendue… Au niveau parité, on y est presque, plus qu’un tout petit effort à fournir : 58% d’hommes et 42% de femmes. Au niveau des critères sociologiques, les sans-emploi sont un peu plus de 8%. Indication intéressante de l’enquête, les engagements des militants en dehors du Moc et de ses organisations : culture : 36,9%, quartiers : 31,7%, politique : 30,6%, environnement : 25,8%.


Les convictions politiques
Positionnement sur l’échelle politique
L’échantillon des jeunes de Bruxelles et de Wallonie livre plutôt une image de centre gauche. Position 5 : 42% = un choix résolument centriste (voire pour certains apolitiques). Pour le Moc, 90,5% se placent, on ne s’en étonnera pas, à gauche de la médiane. La position moyenne (sur une échelle de 1 à 10) est de 3,95, ce qui équivaut à une gauche modérée.

Qu’en est-il des partis ?
Pour les deux échantillons, c’est Ecolo qui remporte tous les suffrages, talonné de près pour le Moc par le PSC…

Les piliers
Ce que les jeunes pensent de la division de notre société en piliers…


Côté Moc, sans grand étonnement, on constatera que pour 3 militants sur 4, les piliers constituent toujours une réalité mais avec et, c’est là que réside la surprise, 70% de sondés qui regrettent ce cloisonnement.

Les convictions religieuses
Sur une échelle allant de 1 ("je ne crois pas du tout") à 10 ("je crois fortement"), on constate 26,7% de "je ne crois pas du tout" chez les jeunes. La moyenne étant de 4,4. Pour les militants Moc la position la plus souvent choisie est 8. La moyenne est 6,3.

Chez les 18-35 ans, la proportion de personnes se déclarant croyantes (pratiquantes ou non) dépasse néanmoins les 60%.


Préoccupations et craintes
À noter que dans le groupe témoin, seuls 30% redoutent le néolibéralisme… Et lorsqu’on demande à ce même groupe témoin, sur qui pouvoir compter pour préparer l’avenir, on constate que les organisations (syndicats, associations, soit le terreau du Moc) n’arrivent qu’en 4e position (avec 56,3%), ce qui représente un recul de confiance par rapport aux résultats d’études antérieures ; alors que, qui l’eut cru, pour les militants du Moc, les grandes organisations arrivent en deuxième position (89,7%) après, "les gens eux-mêmes" (90,9%). Autre constat significatif, pour le groupe témoin, les responsables politiques ne semblent pas inspirer une confiance significative : 33,7% contre 63,5% pour les militants du Moc. Encore un signe, s’il en était besoin, de la désaffection vis-à-vis du monde politique ?… Au passage, il est intéressant de noter qu’il en reste encore qui comptent sur le roi et la famille royale pour changer l’avenir (10%) et le Moc n’est pas en reste avec 11,1% !

En bref…
Des mocistes majoritairement à gauche et Ecolo, épris d’égalité, d’environnement et de justice sociale, engagés, croyants, un peu vieux, rassemblés autour d’un ennemi commun : le néolibéralisme. Quant au Moc, il est principalement perçu par ses militants comme un lieu de réflexion et d’étude, d’éducation et de formation, d’expression politique et de gestion de services divers. L’image véhiculée à l’extérieur est celle d’un Moc tolérant, "historique", lié au monde chrétien, gestionnaire et partisan du compromis, porteur de projets d’avenir, d’utopie. Quelques critiques de fond chez les militants : éviter d’intensifier l’image de "partisan du compromis", renforcer la proximité avec le terrain, l’efficacité, la qualité de rassembleur ; la combativité, le rôle de porteur d’avenir, de projets, le caractère écologiste et surtout la participation interne. À développer : la solidarité nord-sud et le développement durable, l’image extérieure (seuls 26,9% des jeunes du groupe témoin avaient déjà entendu parler du Moc). Bref, gérer moins, résister plus, moins de compromis et porter un peu plus la voix des acteurs locaux. Un bilan qualifié de positif mais avec un bémol sous forme de mention : "peut mieux faire"…


Catherine Morenville

L’enquête Sonecom est disponible ici partie membre partie échantillon jeune