L’édition 2021 du Petit Larousse de la Novlangue va bientôt sortir en librairie. Parmi les nouveaux mots, celui de « village prison » ou « village pénitentiaire » fait son apparition grâce à la régie des bâtiments, avec la complicité de Assar Architects, de la société de construction Denys et de certains media. Bien plus bucolique que celui de « méga-prison » pour désigner la nouvelle implantation harenoise où seront déménagé·es les détenu·es de Saint-Gilles et Forest.

En parlant de « village prison », ces sinistres utilisateurs occultent la réalité qui se cache derrière et par là même les individus qui peuplent les prisons. Est-ce que l’utilisation du mot «village » accolé à prison signifierait que notre vision de l’enfermement a changé ? Que l’institution s’est humanisée ? Que les relations en son sein s’apparentent à celles qui se lient dans un village ? Et puis quoi encore, tant qu’on y est, on nommera dans ces « villages prisons » des « happiness managers » à l’instar des start up modernes, pour rendre les « prisonnier·ères villageois·es » plus heureux·ses et productif·ves. On a peine à y croire quand on sait que le « village » a été implanté dans une zone difficile d’accès et qui rendra les visites des proches très compliquées.

Finalement, quand on parle de « village » pour une vraie prison, on pousse la Novlangue à son paroxysme, en anéantissant notre capacité de penser qu’une prison aussi villageoise soit-elle reste une prison et on parachève la destruction du·de la détenu·e, puisqu’on finit par annihiler à nos yeux son véritable statut, celui d’une personne privée de sa liberté.